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09 avril 2021 - 11:22:54
L’UPFF plaide pour un refinancement ambitieux et structurel de la Commission Cinéma
La sortie du livre de Frédéric Sojcher, « Je veux faire du cinéma, un manuel de survie en terrain hostile », relance une nouvelle fois le débat sur les difficultés de financement des films belges francophones, qui constituent un combat quotidien pour nous, à l’Union des Producteurs Francophones de Films (UPFF). C’est à ce titre que nous souhaitons réagir.

Pour nous, ce n’est pas tant la pertinence de l’outil, Commission Cinéma, qu’il faut remettre en question, ni sa gestion, parce qu’elle fonctionne globalement très bien et a permis de développer une formidable cinématographie, avec de très nombreux succès internationaux (et l’augmentation récente du nombre de membres siégeant pour les commissions long-métrage permet encore d’y renforcer la diversité des points de vue) mais son budget, qui est clairement insuffisant pour soutenir correctement le vivier de talents existant en Fédération Wallonie-Bruxelles.


En effet, le financement des films belges, surtout ceux portés par des auteurs ou autrices encore « non-confirmé.e.s », qui en sont à leur premier ou deuxième long-métrage, reste un parcours semé d’embûches, qui ne s’est pas simplifié ces dernières années, que du contraire ! Dans un contexte où la France, partenaire de coproduction « naturel », s’est beaucoup repliée sur ses propres projets, et où les fonds régionaux ont plutôt réduit leurs investissements par film, l’importance capitale de la Commission Cinéma, seul guichet culturel en Fédération Wallonie-Bruxelles, s’est encore renforcée.


Or, la Commission souffre d’un déficit chronique de financement ! En 10 ans, non seulement son budget n’a pas augmenté mais il a diminué ! Alors que la Belgique dispose de très bonnes écoles de cinéma, dont sortent chaque année de nouveaux talents, réalisateur.rice.s, auteur.rice.s et technicien.ne.s, que les coûts salariaux, et les coûts de production en général, ont tendance naturellement à augmenter, et qu’on assiste à un resserrement général des sources de financement, il est devenu excessivement difficile pour les producteur.rice.s que nous représentons de développer des projets d’initiative belge et de les mener jusqu’au bout. Et, de fait, sans l’apport de la Commission Cinéma, c’est un processus quasiment impossible à faire aboutir, à moins d’opter pour des conditions de production très légères (avec des coûts réduits à leur minimum), qui doivent, selon nous, rester l’exception et non la norme !


La crise sanitaire a encore renforcé ces difficultés. On sait que certains financements privés vont diminuer, toute l’activité de production a été arrêtée pendant 4 mois et, en parallèle, de nombreux auteurs et autrices ont continué à écrire, à imaginer des projets qui méritent de voir le jour.


Lors des dernières sessions de la Commission Cinéma, le nombre de dossiers sollicitant une aide en développement ou une aide à l’écriture a explosé(1), or, les enveloppes, elles, sont restées tout aussi limitées. Bien que la Ministre de la Culture ait débloqué un budget de crise de 1,4 millions d’euros pour renforcer les aides de la Commission en 2021, son budget « normal » n'a cependant pu être garanti que par le recours aux réserves du Centre du Cinéma (pour un montant de près de 800.000 euros), et l’enveloppe destinée à couvrir les coûts supplémentaires liés à l’application des protocoles sanitaires COVID sur les tournages de 2021 n’a par ailleurs pas été reconduite (du moins pas à ce jour).


Quand on entend qu’en Flandre, le gouvernement vient de débloquer 20 millions pour financer la relance de l’audiovisuel (films et séries), cela nous confirme dans l’idée que cet effort de 1,4 millions reste extrêmement insuffisant – et ne répond aucunement à la saturation déjà préexistante !


L’UPFF estime que, sans un refinancement structurel d’au moins 2 millions d’euros annuels, la Commission Cinéma n’a plus les moyens de ses ambitions. Les membres qui y siègent se retrouvent à devoir faire des choix cornéliens, qui ne permettent quasiment plus à la Commission de faire des « paris », en soutenant davantage projets plus atypiques ou portés par des personnes qui n’ont pas encore eu l’occasion de faire leurs preuves. Nous demandons que ce refinancement aboutisse au plus vite ! A cela s’ajoute la nécessité d’un effort plus ponctuel, et supplémentaire, lié à une relance forte de l’activité, avec un encouragement particulier à la production d’initiative belge et également un volet concernant les séries, à l’image de ce que vient de décider la Flandre. Il en va en effet de la capacité de notre secteur à rebondir et à assurer son avenir à moyen et long terme.


(1) Une moyenne de 74 demandes sur ces deux créneaux, lors des deux dernières sessions, pour seulement 12 aides attribuables ! C’est le chiffre le plus criant mais la plupart des autres créneaux (en production long métrage, court métrage et documentaire notamment) sont aussi dans des situations de saturation critiques. Ce qui témoigne d’un problème préexistant à la crise COVID.